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Politique - Page 3

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    Les profs, des nounous?

    Débat très houleux jeudi matin sur France Inter, entre Luc Ferry (ancien ministre de l'éducation nationale) et Philippe Meirieu (Professeur à l'université Lyon II)

    Le thème officiel était "la violence à l'école", mais le débat a très vite été élargi, Luc Ferry ne pouvant s'empêcher d'introduire des notions philosophiques qui n'auront d'autres effets que de noyer le poisson. Je résume: Derrière la déconstruction des valeurs traditionnelles au XXème siècle se cache la société de consommation. "Les bourgeois ont, avec la complicité des bohèmes de 68, introduit le consumérisme et captitalisme libéral. Nous le payons aujourd'hui très cher." D'après M.Ferry c'est ce qui explique la violence des élèves. M.Meirieu approuve.

    Bon, je prends une pause de quelques secondes, et me dit que, certes, ces raisonnements donnent à réfléchir, que certaines théories semblent attirantes, mais que si l'on prend la peine de réfléchir (un peu), on conclut rapidement que c'est vraiment n'importe quoi! Avec les arguments qui ont été exposés ce matin là, on explique à la fois la chute de l'empire Romain, le réchauffement climatique et le suicide de Mme Bovary.

    Il faut dire qu'en vingt minutes, ce n'est pas facile d'évoquer des siècles de recherche en pédagogie, la réforme de la carte scolaire et l'influence des jeux vidéo ou d'internet sur le comportement des ados. Chacun est venu avec ses idées et repartira avec. Tout le monde , l'auditeur compris, sera d'accord : notre monde est imparfait, c'était d'ailleurs mieux avant, et il y aurait moyen de faire mieux maintenant mais les Autres veulent pas !

    En tant qu'enseignant à des élèves ingénieurs de 22 ans, je peux dire que, théoriquement le rôle de l'enseignant n'est pas d'être une nounou, mais que dans la pratique, cela fait partie du job !!

    Quant à réformer la carte scolaire, les deux camps sont facilement identifiables :

    1. si vous avez des enfants, vous n'aurez pas beaucoup d'hésitation : vive le libre choix !
    2. Si vous n'en avez pas et êtes particulièrement idéaliste, vous direz : imposons l'établissement scolaire aux parents, si celui-ci ne leur convient pas, ils n'auront qu'à s'investir pour l'améliorer!

    Une remarque de M.Meirieu cependant va me donner du grain à moudre ce week-end : Ce que veulent les enfants aujourd'hui, et même la société au sens large, c'est "Savoir sans Apprendre". Eh bien ils ont raison, tant il est stupide de se fatiguer inutilement! Le tout, c'est d'être conscient qu'en règle générale, les efforts et peines qui vont avec l'apprentissage sont bien une condition nécessaire ...

    (voir aussi mon billet sur les Internats d'Excellence)

     

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    "Encore un complot" C.Alegre a-t-il raison ?

    Avez-vu du temps à passer devant la télé ? Si oui, à condition de viser juste, on tombe sur des débats très intéressants.

    Il y a quelques jours sur la chaîne LCP (le 3 ou 4 mars) le journaliste Arnaud Ardoin avait invité Alain Gest, député UMP, secrétaire de la commission du développement durable ; Philippe Tourtelier, député PS, vice-président de la commission du développement durable ; Martine Tabeaud, géographe, climatologue et Jean Jouzel, glaciologue, membre du GIEC

    (voir LeMonde.fr)

    Ce que j'ai trouvé surprenant dans ce débat, c'est que les participants donnaient l'impression de se créper le chignon, alors qu'ils étaient tous d'accord ! Sans que l'on ai de certitude à 100% sur l'évolution du climat et ses causes, l'humanité s'est donné les moyens d'étudier le phénomène et la réponse est sans appel : il faut faire quelque chose. Entendez par là, nos élus ont la responsabilité de prendre des mesures, les bonnes.

    Quant à notre ancien ministre et scientifique (ancien s'applique aux deux termes), Claude Allègre, tout le monde est d'accord pour dire qu'il cherche à vendre son livre. Point. Rien, dans son livre, ne tient la route, il refuse tout débat contradictoire, se pose de façon péremptoire contre l'immense majorité des scientifiques... Et Pourtant, sur le plateau de LCP, la question se pose quant même "Et si il avait raison?" Non pas raison dans ses délires pseudo-scientifiques, mais dans sa manières de provoquer le débat ! Et si Allègre se sacrifiait volontairement pour que vive le débat, la démocratie, que le peuple ne suive pas aveuglément la parole d'un GIEC dont la plupart d'entre nous s'en fait une bien vague idée ...

    Allègre propose des cibles faciles que l'on dégomme avec juste ce qu'il faut de bon sens ou quelques vérités scientifiques irréfutables. Pourtant, le trouble instillé dans l'opinion ne manque pas de mettre J.Jouzel et M.Tabeaud hors d'eux. Je les comprends.

    Ce débat passionnant a pourtant laissé passer une idée que je trouve fausse, voire dangereuse, et qui n'a pas été relevée (pas d'économiste sur le plateau?) L'un des politiques a dit, pour justifier ses prises de position: peu importe si le GIEC se trompe, les investissements et changements de comportement liés à la peur du réchauffement ne seront pas perdus et n'auront pas d'effet néfaste ... c'est bien sûr on-ne-peut-plus faux : l'argent dépensé à mauvais escient est perdu, alors qu'il aurait pu servir à résoudre d'autres problèmes (lutte contre le cancer, la pauvreté, la violence ...)

    Cet épisode me rappelle le livre de M.Crichton (auteur de Jurassic Park, série TV Urgences ...) State-Of-Fear : Crichton, qui s'intéresse de très près à la science nous démontre en 800 pages d'un (mauvais) thriller pourquoi on a le droit de remettre en doute le consensus sur le réchauffement climatique. Le héros, un avocat, est embauché pour défendre les habitants d'une île qui sera engloutie suite à la montée des eaux, mais découvre au fur est à mesure que rien ne permet dire avec CERTITUDE que l'eau va monter et que c'est la faute de l'homme. Il se retrouve alors la cible d'écolos révolutionaires ... Sur amazon.com, l'un des 1400 commentaires autour de ce livre explique de façon intelligente:

     

    THINK! THINK FOR YOURSELF!!!, April 30, 2005
    By C. B. Manning "EnviroTeacher" (Evergreen, CO, USA) -
    This review is from: State of Fear (Hardcover)

    First of all, this book is fiction, just like the Da Vinci Code. Yes, there are factual nuggets. However, the nuggets are conveyed in a manner that is very much like the propaganda that some of the characters rail against.

    Second, having been trained in the Earth Science; a member of local, national, and global environmental groups; and an Environmental Science teacher I LOVED THIS BOOK! Why? Because it makes you think about what you know, why you know it, and where the information comes from. Nobody should take information published second-hand and not think about how data can be misconstrued (including the data published in this book).

    Third, State of Fear makes you think about the hypocrisy of American Environmentalism: living in enormous houses in the middle of forest-fire prone landscapes, driving everywhere, wasting water, and then paying money to large environmental groups who overstate scientific findings (just like the energy companies do). Assuaging our guilt isn't going to make the world a better place.

    Finally, Crichton encourages us to not be sheep. Think for yourself. Read the primary sources of data with an open-mind. Live the way you wish everyone else lived. Judgement without compassion is worthless.

     

    En conclusion je retranscris de mémoire les propos de Mme Tabeaud : il va falloir apprende à vivre avec l'incertitude.

    Les moyens de communication sont aujourd'hui tels, que sur n'importe quel sujet des voix discordante se feront entendre pour nous dire : "attention, cette techno est dangereuse, nous allons tous mourir si l'on ne s'y oppose pas". Faire le tri ne sera pas forcément facile.

    /§/

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    Quelle légitimité pour Luc Chatel, nouveau ministre de l'Education Nationale ?

    Qui dit rentrée, dit Education Nationale. Il est donc grand temps d'aborder un sujet pas encore évoqué sur le blog : la nomination de Luc Chatel au poste de Ministre de l'Education Nationale. Bonne ou mauvaise chose ? Pourquoi avoir changé de ministre ? Est-il légitime ? C'est à toutes ces questions que je vais essayer d'apporter des premiers éléments de réponse.

    Réactions autour de la nomination de Luc Chatel

    lucchatel.jpgQui est Luc Chatel ? Sans doute la première question qui s'impose ! Depuis la fin du mois de juin 2009, il occupe le devant de la scène politique en étant ministre. Et le fait que sa nomination concerne l'Education Nationale n'est pas forcément évidente lorsqu'on regarde son parcours. Après des études de marketing et un poste chez l'Oréal, il s'oriente vers les ressources humaines tout en menant en parallèle une vie politique. Il n'a donc à priori aucune compétence particulière en ce qui concerne l'Education Nationale. Frederique Rolet, le secrétaire générale du syndicat SNES-FSU parle de Luc Chatel comme d'un "politique zélé, proche du président de la République, une personnalité très marquée du côté libéral".

    Et pourquoi changer le ministre à l'approche des grandes vacances ? Sans doute parce que le dialogue était de plus en plus difficile avec l'ancien ministre qui avait le poste. On a donc proposé à Xavier Darcos un nouveau poste, celui du Ministre du Travail. L'espoir de pouvoir de renouer le dialogue avec l'arrivée de ce nouveau ministre est donc important même si la situation dans laquelle il va devoir évoluer le minsitre n'est pas facile. En effet, Xavier Darcos laisse de nombreux problèmes non réglés lors de son départ. On retiendra surtout la suppresion des 16 000 postes pour la rentrée 2010.

    Ce qui est certain c'est qu'entre les problèmes non résolus laissés par Xavier Darcos, et l'actualité de la rentrée avec la grippe A, le nouveau ministre n'a pas le temps de s'ennuyer. Surtout qu'il est également le porte-parole du gouvernement et qu'il doit donc consacrer du temps à ces deux missions. Le nouveau ministre de l'éducation pourrait donc être un ministre de l'Education à temps partiel au moment même où les problèmes s'accumulent.

    Premier bilan de l'action de Luc Chatel

    - Il a donné son point de vue sur les désobéisseurs en indiquant que les programes sont faits pour le plus grand nombre et qu'en tant que salariés de l'Education Nationale le comportement des désobéisseurs n'est pas compatible avec l'Education Nationale et que les procédures en justice doivent donc être suivies.
    - La réforme de l'enseignement est ouverte à la discussion mais tout est fait dans le but d'améliorer les conditions de travail des enseignants. Des échanges sur ce projet sont prévues en septembre avec les syndicats.
    - Les suppresions de poste ne devraient pas être annulés et que le taux d'encadrement des élèves par les enseignants ne changera pas à la rentrée malgré ces suppresions de postes. Il précise également que ces suppressions de poste ne sont pas une surprise puisqu'ils font parti de la politque annoncée par le gouvernement.
    - Concernant la grippe A, un manque de dialogue semble avoir déjà été engagé car rien n'a été précisé aux enseignants sur la façon dont eux-mêmes aller être protégés du virus alors que la rentrée est là. Autant pour les enfants un véritable programme a été mis en place (voir l'article sur la grippe A) autant le personnel enseignant n'a pas reçu de consignes précises sur la façon dont eux-mêmes doivent se protéger.

     



    Ce qu'on peut donc dire c'est que si au niveau de son parcours, ce n'est pas la personne la plus légitime à ce poste, il a été choisi pour ces qualités de négociateur et sa facilité à faire naître le dialogue. L'avenir nous dira donc si ce choix est  judicieux d'autant plus que l'été lui a laissé le temps de découvrir les différents dossiers à disposition sur son bureau.