Avez-vu du temps à passer devant la télé ? Si oui, à condition de viser juste, on tombe sur des débats très intéressants.
Il y a quelques jours sur la chaîne LCP (le 3 ou 4 mars) le journaliste Arnaud Ardoin avait invité Alain Gest, député UMP, secrétaire de la commission du développement durable ; Philippe Tourtelier, député PS, vice-président de la commission du développement durable ; Martine Tabeaud, géographe, climatologue et Jean Jouzel, glaciologue, membre du GIEC
(voir LeMonde.fr)
Ce que j'ai trouvé surprenant dans ce débat, c'est que les participants donnaient l'impression de se créper le chignon, alors qu'ils étaient tous d'accord ! Sans que l'on ai de certitude à 100% sur l'évolution du climat et ses causes, l'humanité s'est donné les moyens d'étudier le phénomène et la réponse est sans appel : il faut faire quelque chose. Entendez par là, nos élus ont la responsabilité de prendre des mesures, les bonnes.
Quant à notre ancien ministre et scientifique (ancien s'applique aux deux termes), Claude Allègre, tout le monde est d'accord pour dire qu'il cherche à vendre son livre. Point. Rien, dans son livre, ne tient la route, il refuse tout débat contradictoire, se pose de façon péremptoire contre l'immense majorité des scientifiques... Et Pourtant, sur le plateau de LCP, la question se pose quant même "Et si il avait raison?" Non pas raison dans ses délires pseudo-scientifiques, mais dans sa manières de provoquer le débat ! Et si Allègre se sacrifiait volontairement pour que vive le débat, la démocratie, que le peuple ne suive pas aveuglément la parole d'un GIEC dont la plupart d'entre nous s'en fait une bien vague idée ...
Allègre propose des cibles faciles que l'on dégomme avec juste ce qu'il faut de bon sens ou quelques vérités scientifiques irréfutables. Pourtant, le trouble instillé dans l'opinion ne manque pas de mettre J.Jouzel et M.Tabeaud hors d'eux. Je les comprends.
Ce débat passionnant a pourtant laissé passer une idée que je trouve fausse, voire dangereuse, et qui n'a pas été relevée (pas d'économiste sur le plateau?) L'un des politiques a dit, pour justifier ses prises de position: peu importe si le GIEC se trompe, les investissements et changements de comportement liés à la peur du réchauffement ne seront pas perdus et n'auront pas d'effet néfaste ... c'est bien sûr on-ne-peut-plus faux : l'argent dépensé à mauvais escient est perdu, alors qu'il aurait pu servir à résoudre d'autres problèmes (lutte contre le cancer, la pauvreté, la violence ...)
Cet épisode me rappelle le livre de M.Crichton (auteur de Jurassic Park, série TV Urgences ...) State-Of-Fear : Crichton, qui s'intéresse de très près à la science nous démontre en 800 pages d'un (mauvais) thriller pourquoi on a le droit de remettre en doute le consensus sur le réchauffement climatique. Le héros, un avocat, est embauché pour défendre les habitants d'une île qui sera engloutie suite à la montée des eaux, mais découvre au fur est à mesure que rien ne permet dire avec CERTITUDE que l'eau va monter et que c'est la faute de l'homme. Il se retrouve alors la cible d'écolos révolutionaires ... Sur amazon.com, l'un des 1400 commentaires autour de ce livre explique de façon intelligente:
By | C. B. Manning "EnviroTeacher" (Evergreen, CO, USA) - |
First of all, this book is fiction, just like the Da Vinci Code. Yes, there are factual nuggets. However, the nuggets are conveyed in a manner that is very much like the propaganda that some of the characters rail against.
Second, having been trained in the Earth Science; a member of local, national, and global environmental groups; and an Environmental Science teacher I LOVED THIS BOOK! Why? Because it makes you think about what you know, why you know it, and where the information comes from. Nobody should take information published second-hand and not think about how data can be misconstrued (including the data published in this book).
Third, State of Fear makes you think about the hypocrisy of American Environmentalism: living in enormous houses in the middle of forest-fire prone landscapes, driving everywhere, wasting water, and then paying money to large environmental groups who overstate scientific findings (just like the energy companies do). Assuaging our guilt isn't going to make the world a better place.
Finally, Crichton encourages us to not be sheep. Think for yourself. Read the primary sources of data with an open-mind. Live the way you wish everyone else lived. Judgement without compassion is worthless.
En conclusion je retranscris de mémoire les propos de Mme Tabeaud : il va falloir apprende à vivre avec l'incertitude.
Les moyens de communication sont aujourd'hui tels, que sur n'importe quel sujet des voix discordante se feront entendre pour nous dire : "attention, cette techno est dangereuse, nous allons tous mourir si l'on ne s'y oppose pas". Faire le tri ne sera pas forcément facile.
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