Le gouvernement Sarkozy est celui des réformes et l'éducation n'y échappe pas ! Après avoir réussi à conclure un accord avec les étudiants, c'est les enseignants qui viennent demander des comptes au ministre chargé de l'Education, Xavier Darcos, sur un programme jugé inadéquat et inquiétant pour l'avenir des élèves et des professeurs.
Et si le ministre entend faire passer ses réformes sans céder, il invite néanmoins les syndicats par une lettre qui devrait leur parvenir dès aujourd'hui à faire le point sur leurs attentes et sur les réformes à venir. D'après ses déclarations lors de l'émission Le Grand Rendez-Vous du 18 mai 2008, cette réunion portera sur "la réforme du lycée, la réforme du métier d'enseignant et l'amélioration des carrières".
Cette invitation intervient juste après les manifestations des enseignants dont la dernière qui date de ce week-end a réunit plus de trente-cinq mille personnes à Paris au lieu des dix mille prévues initialement par les organisateurs. Si cette toute dernière manifestation a eu autant de succès, c'est suite à l'intervention du Président de la République qui a annoncé avant la fin de l'année un service minimum obligatoire dans les écoles et surtout l'obligation pour les professeurs grévisites de se déclarer 48 heures avant la manifestation ce qui a fait bondir bon nombre de personnes et relancée une forte mobilisation.
Même si tout le monde espère que la réunion de travail prévue avec le Ministre de l'Education permettra cette fois d'entamer une vraie concertation sur ces réformes, le monde de l'éducation maintient néanmoins la pression sur le Ministre avec la programmation de nouvelles manifestations dès le week-end prochain. Face à un ministre qui se déclare prêt continuer son programme sans rien lâcher et sans craindre les répercussions sur les périodes d'examens de fin d'année, les manifestants sont bien décidés à faire entendre leurs voix et à montrer leur ténacité.
Quels sont les points qui fâchent ? Si tout le monde s'accorde sur le fait que l'éducation nationale doit être repensée pour donner une vraie chance à tous les élèves, les acteurs du monde de l'éducation penseraient plutôt que les éléments suivants proposés ne vont que renforcer les problèmes actuellement rencontrés :
- Les suppressions de poste qui augmentent d'année en année : pour la rentrée 2008 c'est 11 400 suppressions de poste qui sont annoncés et on parle déjà de 20 000 autres suppressions l'année suivante. Un chiffre qui choque car il met en cause une qualité d'enseignement au sein même de la relation prof-élève.
- "Travailler plus pour gagner plus" toucherait aussi la profession avec la possibilité de faire des heures supplémentaires et du soutien scolaire. On peut se demander ce qu'il se passerait si les professeurs ne sont pas disposés à en faire. Le soutien aux élèves tomberait-il à l'eau ?
- Face aux vives réactions suscitées par les deux premiers points qui viennent d'être évoqués, aucune indication réelle n'a encore été donné concernant les conditions de travail pour l'amélioration des carrières.
- A ceci, il faut ajouter les déclarations du Président sur le service minimum et la déclaration des grévistes 48 heures avant la manifestation qui ont renforcé les revendications des manifestants.
- La réforme sur les organismes de la recherche est également critiquée car leur dissolution entraîne une vente à la découpe.
Si les manifestations dénoncent une politique qui pourrait faire de l'éducation nationale une éducation au rabais, on peut se demander par quoi passerait la nouvelle éducation des prochains élèves. Ce qui est sûr, c'est que les nouvelles technologies devraient permettre de proposer des outils aux enseignants pour suivre de façon plus personnalisée et intuitive leurs élèves mais elles devraient aussi révolutionner à terme la façon d'apprendre en misant notamment sur l'interactivité.
Qui sait si dans quelques années, nous n'aimerions pas retourner sur les bancs de la (nouvelle) école ?