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Un livre sur l'école qui fait polémique !

L'école et son double vient de paraître aux éditions Hermann et il crée la polémique dès sa sortie ! Son auteur, Nathalie Bulle, y propose un essai sur l'évolution pédagogique en France qui fait débat auprès des enseignants.

L'enjeu pédagogique au coeur de la réflexion sur l'enseignement

ecole et son double.gifL'auteur explique dans ce livre d'où provient - à son avis - la crise que connaît actuellement l'enseignement en France. Elle propose également des pistes pour sortir de cette dernière. Nathalie Bulle pose la question suivante "pourquoi le processus de démocratisation des systèmes éducatifs occidentaux a t-il justifié un recours de plus en plus important à la pensée pédagogique dite moderne et un discrédit progressif de l'enseignement des disciplines de leurs méthodes et de leurs contenus ?" Pour elle, la solution serait de retourner à un enseignement plus traditionnel au lieu de tenter de "professionnaliser" la formation des enseignants.

Vous pouvez retrouver un entretien où elle présente son ouvrage et comment ce dernier s'inscrit dans ses recherches. bulle.pdf

Nathalie Bulle est chercheuse au CNRS dans le Groupe d'Etude des Méthodes de l'Analyse Sociologique. Ses recherches portent sur trois sujets principaux :

- l'évolution pédagogique en France et aux Etats-Unis

- les méthodes mathématiques appliquées à l'analyse comparée de l'inégalité des chances

- l'épistémologie des sciences sociales et plus particulièrement sur la modélisation de l'action humaine.

Auteur de nombreux ouvrages et articles, vous pouvez retrouvez plus d'informations sur son site en cliquant ici.

Une école qui va dans le mur ?

Son dernier article, paru le 26 février dans Libération a suscité de nombreuses réactions. Intitulé "La phobie de l'échec scolaire", Nathalie Bulle y défend l'idée que les réformes en cours ne vont pas aider les professeurs mais juste faire baisser la qualité générale de l'enseignement. Pour elle, l'enseignement finlandais qui est souvent pris comme exemple via l'enquête Pisa, ne représente pas la réalité. Nathalie Bulle estime que "l'enquête se limite à ce que l'OCDE juge essentiel pour la vie ordinaire de tout citoyen" et indique qu'au contraire les professeurs finlandais "s'alarment de la chute du niveau des étudiants".

Si cet ouvrage et ce dernier article suscite la polémique, c'est que pour beaucoup, les arguments mis sur la table n'en sont pas réellement. Il semblerait que l'enquête PISA n'est pas été prise en compte dans son ensemble lors de sa critique par Nathalie Bulle. De plus, l'enseignement des années 50 ne semble pas une réponse aux problèmes que rencontre les professeurs aujourd'hui puisque les réformes qui ont eu lieu au cours des derniers années ont eu pour unique but d'améliorer la qualité de l'enseignement apportée par les enseignements.

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Commentaires

  • La rhétorique de la pensée éducative « progressiste » est un peu simple qui renvoie au passé et à la réaction toute pensée critique de ses fondements et des méthodes qu’elle préconise. Elle s’arroge ainsi bien légèrement le monopole du présent et, plus encore, de l’avenir. Il est temps d’en sortir car les enfants sont les victimes de cette fermeture de la réflexion pédagogique dominante en France. Cette question est des plus graves. Je vais lire le livre de Nathalie Bulle. En attendant, pour ce qui concerne l’enquête PISA, une de ses spécificités est que le test ne vise pas à évaluer l’acquisition des connaissances définies par les programmes scolaires, « mais les compétences ou aptitudes jugées indispensables pour mener une existence autonomes et indépendante dans des sociétés démocratiques avec une économie de marché comme le sont les sociétés des pays membres de l’OCDE ». Les résultats de PISA ne donnent effectivement, comme l’écrit NB « qu’un aperçu très incomplet de la qualité relative des systèmes éducatifs ».

  • Ce livre est une mine d’or, pas toujours d’un abord facile car il fait appel à toutes les dimensions de l’institution pour analyser ses développements : sociologique, psychologique, philosophique, historique !! L’auteur s’appuie sur des sources inhabituelles, qui permettent d’étayer à partir de bases très solides les réflexions sur l’école. Le sujet n'est pas du tout le retour à l’enseignement des années 50. En revanche les erreurs des politiques réformatrices depuis les années soixante-dix sont démontrées avec rigueur. Nathalie Bulle préconise un enseignement qui allie étroitement « enseignements explicites » et « activité des élèves ». Voici quelques éléments de sa conclusion à ce sujet :
    « Les idées pédagogiques mobilisées par le mouvement d’ouverture des systèmes éducatifs, centrée sur des finalités socialisatrices, constituent une force de réaction à la fois contre le rôle intellectuellement émancipateur et contre le rôle implicitement sélectif joué par l’enseignement des disciplines de nature cumulative. La démocratisation des systèmes éducatifs engendre un appel d’idées pédagogiques opposées aux pédagogies de la transmission, idées qui, confinées dans cette opposition, lèsent aveuglément les besoins fondamentaux de l’éducation formelle. Ainsi se développe la tendance paradoxale, pour ne pas dire tragique, de l’évolution des systèmes éducatifs dans nos sociétés démocratiques modernes. Elle rend compte des effets négatifs des réformes scolaires appliquées à lutter contre la domination des disciplines sur l’enseignement, pour la relativisation des valeurs éducatives et la réduction des inégalités de réussite. Ces effets se révèlent opposés à ceux escomptés en raison des conceptions fausses du développement humain et social dont les changements en jeu procèdent.
    Si l’école a un rôle à jouer dans l’augmentation des chances dans la vie de tous, et notamment de ceux qui sont issus de milieux où ces chances apparaissent moindres, ce rôle dépend en réalité fondamentalement du niveau intrinsèque d’éducation qu’elle aura permis d’atteindre à chacun. Dans cette perspective, les changements pédagogiques dans nos sociétés démocratiques et libérales modernes devraient veiller au respect des dimensions essentielles de la raison de l’homme, alliant le développement des habiletés intellectuelles, de la connaissance du monde, à la formation de la sensibilité esthétique et humaine. L’apprentissage des savoirs non seulement participe à cet égard du développement intellectuel général mais offre à la pensée individuelle la possibilité toujours étendue d’une confrontation raisonnée aux idées et aux faits. Cette possibilité constitue la préparation la plus générale à la vie : la formation d’adultes responsables et libres.
    Le défi à relever aujourd’hui pour la pédagogie est bien, fondamentalement, de favoriser l’« activité » de l’esprit, créatrice, intuitive, rationnelle, hypothético-déductive comme inductive. L’activité de l’élève nécessite de sa part une appropriation des savoirs, considérés non pas tant de manière extensive, mais intensive. Ce « réarmement » des facultés intellectuelles s’accomplit par la transmission d’outils cognitifs, et par un travail intellectuel qui met à profit les formes structurées, c’est-à-dire simplifiées, des savoirs et des oeuvres. »

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