Comment lutter contre la violence en milieux scolaire ?
TRES Vaste et passionant débat!
Pour commencer, les résultats d'un sondage weborama
Solutions contre la violence ?
2590 réponses.
[40.9%] Aider les parents à éduquer
[22.9%] Eduquer à la citoyenneté
[21.5%] Lutter contre l'échec scolaire
[14.4%] Réformer la justice des mineurs
avec 2590 réponses, on pourra attribuer une certaine autorité à ce sondage (même s'il n'est pas réalisé avec la sacro-sainte méthode des quotas !!).
Chose intéressante, weborama segmente les réponses des hommes et des femmes; ainsi que des classes d'âge.
Si les réponses varient peu avec l'âge, les hommes et les femmes ne répondent pas la même chose :
20% des hommes indique comme "solutions contre la violence" : "Réformer la justice des mineurs" , au même niveau ou presque que " Lutter contre l'échec scolaire" et "Eduquer à la citoyenneté "
Les femmes mettent elles beaucoup plus l'accent sur le rôle des parents (41%) que sur le système judiciaire (14%)
En conclusion, l'opinion montre un consensus autour du rôle des parents, il faudrait les aider à éduquer afin d'aténuer les actes et comportement violents.
Le web en parle:
une recherche (rapide!) sur google concernant la violence à l'école me renvoit vers ce texte, un peu gênant à mon avis.
Les faits
Des statistiques réalisées entre décembre 1996 et mars 1997 donnent la mesure du phénomène. En trois mois, on dénombre plus de 80.000 incidents dans les 5.800 établissements concernés par l'enquête. Des violences physiques sont recensées dans 60% des collèges. Sur 100 violences en lycée général, on constate que :
- 27 % correspondent à des violences verbales
- 23 % correspondent à des vols ou tentatives de vol
- 11 % correspondent à des tags
- 10 % correspondent à des violences physiques
Les chiffres ne suffisent pas à traduire la généralisation d'un malaise qui touche la grande majorité des enseignants. Les classes sont de moins en moins contrôlables, et si les incidents sont contenus, il n'en reste pas moins qu'enseigner dans ces conditions est devenu particulièrement pénible.
Les enseignants ont peur de leurs élèves (quand ce n'est pas des parents), les parents ont peur pour leurs enfants. Manifestations contre la violence et dépression des enseignants sont de plus en plus fréquentes. Quelques équipes d'enseignants particulièrement soudées resistent. Mais jusqu'à quand ?
Les lieux symboliques de l'instruction des futurs citoyens ne sont plus protégés et le respect dû aux maîtres n'existe plus. Comment en sommes-nous arrivés là ?
Ce qui est donné comme des faits me semble sujet à caution : il est surtout question d'un évolution négative... comme toujours avec tout ! "Tout augmente ma brave dame !" Franchement, j'aurai aimé que les faits soient un peu plus étayés, j'ai l'impression que cela fait 50ans que cela empire ...
L'étude que donne ce même site des causes possibles me semble déjà plus intéressante : au delà des clichés, nous aurons certainement des enseignements à en tirer, ou déjà du grain à moudre.
Et personnellement, je pense que se mettre en grève en exigeant des moyens supplémentaires n'est qu'une espèce de chantage pis que stérile : pendant que les enseignants font grève, les jeunes sont livrés à eux-mêmes ... or il y a tellement de "valeur ajoutée" à ce qu'est une heure de cours à l'école !!
Voici le texte repris de jeunesplus.org quelques commentaires personnels:
Une société en quête de repères
Beaucoup d'observateurs considèrent les évènements de Mai 68 comme le déclencheur d'une perte de repères dans la société. C'est un peu schématique car cette évolution n'est pas une exception française.
"Il est interdit d'interdire" est un slogan qui a certainement contribué à dissoudre la notion même d'autorité jusque dans les écoles. Cependant, les espoirs mis dans l'évolution technique de nos sociétés peuvent aussi expliquer un intérêt croissant des personnes pour le bien-être matériel, mettant de côté la quête du bien-être spirituel. D'où le peu d'intérêt que peuvent représenter les lieux d'acquisition du savoir pour des jeunes qui mettent leur espoir davantage dans le fait d'avoir que dans celui d'être.
Le peu de temps passé à comprendre ce qui fait l'homme explique le manque de repères chez beaucoup de nos concitoyens. La multiplication des ouvrages sur l'éducation et leur diffusion très large montrent que de nombreux parents ne savent pas ce qu'il faut faire pour que leurs enfants soient heureux. [ c'est quand même un peu vite dit !! cherche à s'améliorer ne signifie pas qu'on ne sait rien à la base]
La France possède le triste record de suicide des jeunes. Le mal-être est croissant chez ces jeunes qui réclament des valeurs et des repères à une société peu capable de lui en donner, car trop relativiste pour se croire autorisée à les transmettre. A chaque jeune de se construire ses propres valeurs, dit-on. [ triste record, certes, mais de quelles valeurs, quels repère parle-t-on ? le retour à la férule ?]
Tout mal-être produit une forme de violence. Violence contre soi-même et c'est le suicide, violence contre les autres et c'est la délinquance. Soyons donc rassurés de ces violences externes : c'est un moindre mal. Mais c'est aussi un appel, comme le signale Jean-Marie Petitclerc, éducateur spécialisé à Argenteuil (Le Figaro, 27/01/2000) : "On a tendance à dire que les jeunes manquent de repères, de valeurs. Mais quels repères, quelles valeurs veut-on leur donner ? Il existe un silence total sur tout ce qui peut donner sens à la vie et rappeler qu'on ne doit pas agresser ou tuer pour des biens de consommation".
Reconstruire ces repères est un long travail. Mais, en sommes-nous vraiment capable dans la mesure où il nous est devenu difficile de croire qu'il puisse y avoir une vérité absolue sur l'homme, que l'on puisse s'entendre sur ce qui est bien et sur ce qui est mal ?
[ si le débat s'engage sur ce niveau philosophique, il a peu de chances de déboucher prochainement sur du concret !! ]
Une justice des mineurs inadaptée
Les délinquants sont de plus en plus jeunes. Des enfants peuvent montrer des comportements très violents dès l'âge de 10 ans. Face à ces pré-adolescents, la justice n'a aucun recours.
Cela est si vrai que les altercations qui se terminent quelques fois par la mort d'un jeune sont le plus souvent le fait de jeunes délinquants multi-récidvistes. Il suffit de lire le récit des actions du tueur de Nicolas Bourgat dans le livre qu'a écrit son père à ce sujet : il est étonnant de voir comment un mineur peut passer entre les filets de la justice et agir impunément sans le moindre risque de perdre sa liberté, pendant plusieurs années, tout en étant identifié par la police comme dangereux.
Selon l'ordonnance du 2 février 1945, qui régit la justice des mineurs, un mineur de moins de seize ans ne peut pas, sauf s'il a commis un crime, être placé en détention provisoire. En théorie, il peut être condamné à une peine de prison mais en pratique, dans les cas les plus graves, il est placé dans une structure habilitée et ouverte. Des structures qui sont de véritables passoires (les fugues sont simplement signalées à la police mais rien n'est fait pour les empêcher).
Christian Jelen, dans son livre La guerre des rues rapporte ce dialogue entre un gamin de 8 ans et un policier :
- - Quand j'arriverai à la pédale des Mercedes, je les faucherai
- - Et si tu te fais prendre ?
- - Qu'est-ce que je risque, répond l'enfant en éclatant de rire.
Ailleurs, il cite les propos d'un procureur au tribunal de grande instance : "Malgré l'implication des élus locaux, des services d'enquête, la mobilisation d'éducateurs de la Protection judiciaire de la jeunesse en faveur de ces jeunes et de leurs familles, les mesures d'éloignement, avec accompagnement d'éducateur, escorte de police ou de gendarmerie vers des structures d'encadrement, se sont soldées par des échecs, car ces jeunes savent qu'en matière délictuelle ou contraventionnelle, ils ne peuvent aller en prison, qu'ils ont toutes les possibilités de regagner leur lieu de délinquance, auréolés d'une gloire nouvelle, et de reprendre assez rapidement leurs activités."
Les trafiquants de drogue qui ont bien compris cela utilisent les mineurs pour faire leurs courses. Face à une justice qui n'a aucun moyen de freiner le multi-récidivisme de certains mineurs, des associations se sont créées pour obtenir une modification de l'ordonnance de 1945. Leur combat ne fait que commencer.
[ depuis 2000, les lois ont changé. Pour la Suisse, consultez ceci
d'ailleurs, étonnamment, une recherche google sur "violence jeunes justice loi statistiques" effectuée depuis la France, me donne d'abord des résultats concernant le Canada, la Suisse, la Belgique ... c'est à croire que la France produit comparativement peu de contenu web à ce sujet ]
La Démagogie
Le démagogue s'efforce de flatter la multitude pour gagner et exploiter sa faveur. Il est peu probable qu'il applique à sa vie ce qu'il clame haut et fort. Le plus souvent, son bon sens le lui interdira.
La Démagogie, cherchant à plaire à chacun, met en avant les libertés et droits individuels, ce qui, poussé à l'excès, produit un grand nombre d'injustices et prive les citoyens des droits fondamentaux : droit à la vie, droit à la sécurité, droit au travail.
La Démagogie est cause d'individualisme et, en raison de la recherche d'intérêts personnels qu'elle promeut, de dé-civilisation et de violences. Comme le dit si bien Alfred Croiset : " la démocratie n'a pas d'ennemie plus redoutable que la démagogie ". [d'accord avec la citation, en désaccord avec le préambule : Démagogie cause d'individualisme ? pas si sûr !]
La Démagogie a ouvert les portes de l'Ecole et a autorisé l'entrée de la drogue. Elle a même osé dire que la drogue était moins nocive que la cigarette. Les jeunes qui ont réussi à s'en sortir crient aujourd'hui leur dégout de ne pas avoir été prévenu ; les autres, ceux qui n'ont pas réussi, continuent à s'autodétruire à petite dose.
La Démagogie a déclaré que l'Elève devait surtout être heureux en classe et que la transmission de connaissances n'était qu'une des missions secondaires de l'Ecole. C'est ce jour là que le Maître a perdu ce qui faisait son autorité. Les jeunes qui veulent apprendre crient aujourd'hui leur besoin d'être encadrés, dirigés, véritablement enseignés : ils veulent des maîtres qui aient les moyens de se faire respecter.
La Démagogie a son Credo : l'égalité de tous ou plutôt, l'identité de tous, afin de pouvoir plaire à tous. Pour atteindre cet idéal, il lui faudra limiter l'instruction de la multitude pour qu'elle adhère plus facilement à un mode de pensée unique élaboré par ses intellectuels. Ensuite, il lui faudra rejeter toute espèce de différence en traitant chaque citoyen de la même façon (collège unique, par exemple, dont on a fini par reconnaître que c'était une erreur). Il lui faudra enfin limiter le rôle éducatif des parents qui risquent de s'opposer à la transmission d'une pensée unique à leurs enfants.
La violence est un des mauvais fruits de cette politique. "La démagogie s'introduit quand, faute de commune mesure, le principe d'égalité s'abâtardit en principe d'identité. Alors, le soldat refuse le salut au capitaine, car le soldat, en saluant le capitaine, honorerait un individu, et non la nation" Saint-Exupery, Pilote de guerre. Il n'est pas étonnant que certains refusent l'ordre établi qui contredit le principe d'identité promu par la Démagogie.
Face à la Démagogie, l'homme de la rue, des hommes et des femmes fervents partisans du "bon sens", se dressent. Des garants de la démocratie qui nous préviennent contre la manipulation de la Démagogie. L'homme de la rue existe à tous les niveaux de notre société, ce qui permet de conserver l'espoir d'une réaction salutaire.
Reste que la Démagogie a creusé un fossé entre les gouvernants et l'homme de la rue : deux populations qui ne se comprennent plus comme le montre la multiplication des médiateurs et le peu d'intérêt pour la chose politique. La visite récente d'un membre du ministère de l'Education nationale dans un collège touché par des violences l'illustre merveilleusement bien. A la demande de solutions durables pour endiguer le phénomène, la réponse fut : "nous allons faire ce qu'il faut pour que vous puissiez emmener les enfants à la piscine".
Las de cette Démagogie, l'homme de la rue demande moins de réforme, moins de discours, mais des moyens et une certaine autonomie pour mener à bien ses initiatives et résoudre les problèmes qui lui sont posés selon le bon sens qui est le sien.
[ je ne sais pas si tout cela est vrai, mais c'est intéressant ... ]
Une politique de non intégration des immigrés
La Démagogie a aussi décidé qu'il fallait respecter les différences au nom de la tolérance et éviter de proposer à l'immigré une véritable intégration à son pays d'accueil. Elle a favorisé ainsi le regroupement de populations immigrées qui, tout en vivant physiquement dans le pays, ont la possibilité de vivre en dehors de la République selon l'esprit.
[oui, enfin, on dit surtout cela d'autres pays comme l'Angleterre, pas de la France ?! ]
Dire que la violence s'explique en partie par cette non-intégration, c'est, selon la Démagogie, faire preuve de racisme. Mais, peut-on raisonnablement demander à un immigré qui ne parle pas la langue de notre pays de respecter des lois citoyennes dont il ignore les raisons, de respecter des règles administratives qu'une personne maîtrisant le français arrive à peine à comprendre ?
Trouvons-nous si anormal que des personnes non intégrées rejettent une société qu'elle ne comprennent pas et traduisent ce rejet par des actes de violences ? Ce que nous considérons "violences verbales" de leur part est souvent simple "ponctuation" dans leur culture : leur expliquer que notre société n'est pas prête à les accepter et qu'ils doivent s'adapter à la bienséance de notre pays n'est pas du racisme mais le devoir d'une nation qui ne veut pas perdre son identité. [et cet article a été écrit bien avant l'actuel débat : c'est l'auteur qui a du être content !]
Rachid Kaci, président de Démocratia, tente d'expliquer pourquoi les violences sont souvent le fait de populations immigrées (Le Figaro, 26/01/2000) :
"La misère sociale, la vie difficile en banlieue ne peuvent pas tout expliquer. En effet, si la misère, seule, engendrait forcément et inéluctablement la violence, ce serait à désespérer de notre système d'égalité des chances si souvent montré, à juste titre, en exemple dans le monde. Et puis, enfin, si l'affirmation était fondée, nos rues seraient pleines de délinquants !
Il faut trouver les raisons de cette surreprésentation dans le mode d'éducation des familles immigrées d'origine africaine et maghrébine.
Celui-ci est d'une extrême violence, tant verbale que physique. L'autorité du père, par tradition, y est excessive et le système de valeurs est en décalage total avec celui du pays d'accueil, la France.
Les enfants de l'immigration baignent dans cette contradiction perpétuelle entre une vie familiale régie par le respect d'une autorité et une vie en société où la permissivité est de rigueur. Ils ont effectivement tendance à profiter, au mauvais sens du terme, des espaces de liberté que leur offrent la société et l'école en particulier. Ils passent ainsi parfois d'un excès (la soumission parentale) à l'autre, comme pour s'affirmer (...)
Nous avons aujourd'hui des habitants de France, et non plus des Français, faisant état, de plus en plus, d'une appartenance particulière ethnique, religieuse, sexuelle, régionale... avec des revendications bien précises liées à leur propre catégorie sociale."
Cette non-intégration est évoquée par Christian Jelen, dans La guerre des rues :
"En 1985, Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de l'Education nationale, déclare qu'il est urgent d'apprendre aux élèves le bon usage du français. Aussitôt, des enseignants se lèvent contre cette "suggestion antisociale propre à casser la créativité des élèves, surtout à humilier les fautifs, souvent issus des classes défavorisées". (...) Or, ainsi que le rapporte Danièle Sallenave, "le non-apprentissage du langage à l'école primaire, c'est le non-apprentissage de la pensée. Ne pas y apprendre à écrire, à parler et à lire, c'est ne pas y apprendre à penser". D'où la violence des gamins qui entrent au collège en étant quasi-analphabètes. On ne peut quand même pas leur demander de rester assis, huit heures d'affilée, sans rien comprendre. Alors, ils créent forcément la pagaille"
Le temps est passé où l'on enseignait l'arabe comme langue principale et le français comme langue étrangère dans certains collèges. Tout le monde s'accorde pour mettre l'accent sur l'apprentissage du français. Souhaitons que l'Ecole s'en donne les moyens. L'Echec scolaire, lié le plus souvent à une non-maitrise du français en sixième, rejette des jeunes à la rue, des jeunes sans perspective d'avenir qui ne trouvent comme moyen d'expression que la violence.
BON BEN C'EST PAS GAGNE !!