Ecriture de cochon et manuels scolaires (01/05/2019)
Amis des paradoxes, bonjour!
Aujourd'hui vous serez servi avec un résultat de psychologie cognitive pour le moins surprenant, que Daniel Oppenheimer de l'université de Princeton a fait paraître dans la revue "Cognition".
Il se résume ainsi :
Si vous voulez que votre lecteur mémorise mieux le message écrit que vous lui communiquez, rendez-le difficile à lire.
Vous avez bien lu : Ecrivez comme un cochon et votre texte sera mieux retenu !
Les expériences menées par M.Oppenheimer et son équipe sont plutôt simples : ils ont donnés des textes bien chosisis à lire à leurs cobayes en variant la taille et le style de la police de caractère "12-point Comic Sans MS 75% gris" et "12-point Bodoni MT 75% gris" pour les uns, "16-point Arial Black" pour les autres. Cela donne à peu près cela:
12-point Comic Sans MS 75% gris : est-ce lisible et pratique pour apprendre la physique ?
16-point Arial Black : est-ce lisible et pratique pour apprendre la physique ?
On pose ensuite des questions aux lecteurs, et, contre toute attente, 72,8% de ceux qui avait la version la plus lisible répondent correctement contre 86,5% pour les autres!
Les chercheurs ont ensuite proposés des tests basés sur le même principe dans des lycées et ont obtenus des résultats similaires avec les élèves.
Une des conséquences éducatives et pédagogiques : il faut rendre les manuels scolaires moins lisibles !
Réduire la taille des caractères et utiliser moins d'encre favorisera la mémorisation ET fera des manuels plus petits, moins lourds et plus écologiques !!
11:46 | Lien permanent | Tags : psychologie cognitive, enseignement, science, recherche, pédagogie | | Facebook | | |
Commentaires
Croyez-vous que cela soit valable à tout âge ? Allez donc donner à apprendre à des quarantenaires glissants aveuglément vers la cinquantaine des données écrites de cette façon. Il y a de forte change pour que la fatigue oculaire et la tension de lecture engendrent le découragement. Pas sûre que vous obteniez les mêmes bon résultats. Comme quoi, apprendre tient à pas grand chose !
Écrit par : Gicerilla | 19/11/2010
En effet, Gicerilla, et je pense même que c'est vrai aussi pour les plus jeunes, c'est à dire que la rétention est meilleure parce qu'il y a eu un travail supplémentaire, qui dans tous les cas implique plus de fatigue.
Donc ce résultat serait valable à tout âge, MAIS il faut le tempérer avec la fatigue qu'il implique, notamment plus importante avec l'âge.
De plus, l'idée de rendre les manuels scolaires ou universitaires plus difficiles à lire est une idée choquante ... ce que l'on gagnerait d'un côté, on le perdrait d'un autre ?
Écrit par : olivier | 19/11/2010
Sous forme de test, peut-être que les résultats ont été concluants. Mais peut-on instaurer l'inconfort ds l'apprentissage pour autant ?
Si on reprend d'autres approches pédagogiques, comme celle de Carl Rogers, il semble qu'au contraire, le confort soit source d'efficacité pour apprendre.
Là où les deux approches peuvent se rejoindre, c'est que l'apprenant doit s'engager activement ds son propre apprentissage pour réussir. dans le test cité, c'est la participation active à vouloir déchiffrer qq chose d'inconfortable. Chez Rogers, c'est la libre adhésion de l'apprenant qui engendre sa participation active et donc son apprentissage.
En espérant que ce commentaire fasse avancer le schmilblick :)
Écrit par : Laurence | 25/08/2011
Déjà, on ne dit pas des "quarentenaires" (sic) mais des quadragénaires. Voilà quelqu'un dont les manuels de lecture ont été trop bien imprimés...
Écrit par : collignon | 27/11/2013
La meilleure pédagogie que j'ai reçue émanait d'un professionnel non d'un prof.
Il notait moitié présentation moitié contenu.
Je n'ai jamais tant appris ni avec plus de grâce qu'avec lui.
Les formations professionnelles sont toutes des exemples à suivre :
cours écrits par des pros compétents et praticiens de ce qu'ils enseignent, appui de 'slides' simples et facilement lisible le tout renforcé d'exercices parfaitement adaptés au cours.
Alors ... aimez la merde si ça vous chante mais rien ne remplacera jamais une véritable initiation faites par des pros minutieux, pointilleux et compétents.
Écrit par : Yfig avec l'ami François on s'ennuie jamais | 13/12/2013
Ceci signifie seulement qu'on ne peut apprendre qu'en se donnant un tant soit peu de mal. Si tout vous est donné tout mâché, il y a de grande chance que nous n'en retenions rien. Seul l'effort permet la connaissance.
Voir mon blog http://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/
Écrit par : loup | 04/09/2015
Excellent article sur une expérience tout à fait scientifique concernant le comportement inconscient de l'humain. Il se concentre "plus" sur l'information lorsqu'on la lui rend difficilement observable, mais, les conséquences de ce type de pratique, à long terme, rendraient les opticiens plus riches, car nombre de paires d'yeux s'useraient à ce jeu.
L'expérience est intéressante, mais le résultat le serait beaucoup moins;
Merci pour l'info.
Beonard
Écrit par : Beonard | 29/06/2016
Pourquoi parler '' d'écriture de cochon '', quand dans le cochon '' tout est bon '' ? - Êtes-vous musulman ?
Écrit par : Crab2 Crab | 04/10/2016
Vous avez le bonjour d'un cinquantenaire glissant, qui n'avez visiblement pas appris (façon dure, à vos dépens, nous sommes d'accord là-dessus) à éviter le jeunisme et préjugés liés à l'âge.
Ce qui s'estompe avec l'âge, c'est l'envie d'apprendre; à force de côtoyer des congénères rébarbatifs et obtus survient l'irrépressible "à quoi bon ?".
Écrit par : dru | 27/10/2016
dans le même sens les meilleurs résultats scolaires se trouvent chez les élèves des pays, tels le Japon, où l'apprentissage de base de leur propre langue est déjà particulièrement ardu et demande beaucoup d'efforts et de mémorisation (les idéogrammes)
Écrit par : je hais les cookies | 31/12/2016
dans le même sens les meilleurs résultats scolaires se trouvent chez les élèves des pays, tels le Japon, où l'apprentissage de base de leur propre langue est déjà particulièrement ardu et demande beaucoup d'efforts et de mémorisation (les idéogrammes)
Écrit par : je hais les cookies | 31/12/2016
Je pense que cela ne servirait à rien car les élèves (en tout cas ceux que j'ai depuis x années) ne lisent pas les manuels scolaires. D'autre part, les élèves ont déjà du mal à comprendre - quelle que soit la police de caractère - à cause du vocabulaire qu'ils ne maîtrisent pas, le leur étant d'une pauvreté sidérale. Donc pour moi cette étude ne sert à rien, ou alors seulement à quelques "élites". En ce qui me concerne, je ne lis pas les textes qui ont une police de caractère peu lisible ou une taille trop petite, à cause de mes problèmes de vue, donc ça ne marche pas avec tout le monde.
Écrit par : enriqueta | 08/04/2017
Quand au fait qu'on ne peut apprendre qu'en se donnant du mal, j'en suis bien persuadée mais le problème actuel c'est que les élèves baissent les bras à la moindre difficulté. C'est trop dur, donc je ne fais pas. "Je n'ai pas trouvé (la réponse)" disent-ils et ils attendent la correction. Cumuler les zeros ou les punitions ne les gênent pas, ils justifieront leurs mauvaises notes en disant que c'est le professeur qui est trop sévère ou injuste ou incompétent, soutenus par leurs parents. Et ils passeront quand même en classe supérieure. Alors ça n'est pas prêt de changer et ce n'est pas le choix de la taille et de la police de caractère qui y changeront quelque chose. Le malaise est plus ancien et plus profond.
Écrit par : enriqueta | 08/04/2017